OH MY MAXI RACE

Quand on te parle de découvrir le Lac d’Annecy d’une autre manière que de te baigner dedans entouré des cygnes, tu ouvres un œil. Tu te dis je sens que ça va grimper. Ca n’a pas raté, on m’a proposé de venir découvrir la Maxi Race. Heureusement, il y a plusieurs distances  sur cet incontournable du trail. Même si je suis plutôt  adepte des grands défis et longues distances, j’ai opté pour le format marathon soit 42 km et plus de 2500m de D+ ce qui est déjà pas si mal. Je dois ajouter que je prépare l’Ironman de Nice qui a lieu le 30 juin et que faire 115 bornes ou même 85km un mois avant ce n’est peut-être pas l’idée du siècle. Hé oui, il faut laisser à mon petit corps le temps de récupérer et de refaire le plein de mental.

Et tant qu’à faire le déplacement sur Annecy, je me dis que ça serait pas du luxe de rester un peu plus que le temps d’un week-end pour profiter. Car je ne sais pas vous mais avoir les pieds dans l’eau turquoise entourée de montagnes, de sommets enneigés en regardant des bateaux, des adeptes du ski nautique ou encore des pédalos et des cyclistes, il y a comme un air de vacances. Il se dégage de ce lieu un paradoxe : de l’effervescence sportive et de la sérénité en même temps.

Installée dès le mercredi à Veyrier du Lac j’ai le temps de les regarder ces montagnes en me disant que le dimanche je serai sûrement tout en haut en sueur et pestant que j’aurai pu rester tranquillement à prendre mon café croissant. Vous aussi vous vous dites  «  qu’est- ce que je fais là ?  » pendant les courses.  Mais au final vous y prenez goût c’est donc que vous êtes aussi un addicto.

Cette parenthèse enchantée est l’occasion de me reposer et de prendre la température de l’eau du lac. Vous savez bien que j’adore me baigner dans des eaux en dessous de 10°C. J’avais pris ma combi mais finalement je décide de la jouer warrior de l’espace et de m’y plonger direct en maillot de bain. C’est ma cryo à moi. Tu ressors tout violet et tout léger ! Jusque là je vous vends encore du rêve attendez de voir mes émotions en course…

Si tu es fervent adepte du D+, de la boue, de la patience et si tu kiffes toujours me lire, vas y fonces tu es prêt à affronter mon compte rendu et la Maxi Race à ton tour !

Puisque j’étais là depuis déjà 2 jours à me prélasser, il fallait bien que je fasse monter un peu la pression et la conférence sur l’échec comme levier de performance était peut-être un bon moyen de s’immerger dans l’ambiance et de relativiser la course à venir. Blague à part, cette conférence m’a fait un bien fou et face à tous ces champions plein d’humilité, on ne peut que s’élever et être encouragé.

Ah et tiens si on se parlait autour d’un petit apéro…c’est ça l’esprit du trail que j’adore. Et nous sommes gâtés par des produits bien locaux. Est-ce bien raisonnable de sombrer dans cette orgie  de reblochon charcut’ bière ?

Ce qui est bien aussi quand tu vas chercher ton dossard, c’est que tu refais le plein d’idées pour d’autres courses, d’autres destinations, d’autres défis…alors que tu n’as même pas encore réalisé celui pour lequel tu es là. C’est dingue, non ?

Ainsi, j’ai repéré la Maxi Race Madeira qui me permettra enfin d’aller visiter cette île. Bon et ça monte aussi là bas ? Apparemment oui. Et il y a du fromage au ravito ?

La veille de la course arrive assez vite finalement, on range la bière, les chips et on s’hydrate. Et avec de la Saint Yorre s’il vous plaît. C’est mon rituel d’avant course et aussi d’après course pour mieux me préparer et récupérer. Enfin maintenant ce qui est top c’est qu’il y en a sur les ravitaillements. Je fais ainsi le plein en sel minéraux. L’eau seule ne suffit pas et je trouve que la Saint Yorre m’évite des crampes ou autres douleurs musculaires.

Le JOUR J : Déjà ?

Vous voulez la vivre comment ma course ? En mode version courte ? Ou la version tout en longueur qui s’étire comme si vous y étiez ? Allez je vous fais la Maxi Maxi Maxi Race Marathon !

 

Pourquoi la veille je suis tombée sur une vidéo du passage du Roc  de l’Encrenaz ? Qui m’a obsédé toute la nuit car si vous ne le savez pas encore j’ai un vertige de ouf. Mais alors pourquoi tu fais des trails en montagne ? Précisément pour ne pas m’enfoncer dans une phobie envahissantes qui deviendrait paralysante et puis j’adore voir ces panoramas infinis.  Du coup, ça me permet de faire un travail sur moi et de lutter contre mes petits démons intérieurs.

Enfin bref, le jour J devant mon pain du Montagnard je flippe grave me repassant le film du précipice…oui ben pour moi c’est un énorme trou béant qui va m’avaler toute entière. Allez passes à autre chose, visualises les bois, les odeurs des vaches… et puis ça passera vite de toute manière. ..ou pas.

Vis ma vie dans le SAS

Et oui tout le monde est là, ils sont tous venus pour ce grand rassemblement des amoureux de la nature, les sacs blindés d’eau, de barres, de gels… on dirait des sherpas qui vont passer une semaine en autonomie. Je crois que nous sommes beaucoup à avoir pris un max de nourriture comme si on allait crever de faim.  Tu croises aussi ceux qui rempilent car hier ils ont déjà couru 40 bornes, du coup à côté tu parais super fraîche. La vie dans le SAS est pleine de doutes, d’angoisses, d’odeurs plus ou moins nauséeuses…les gars arrêtez de vous lâcher, on sait qu’on est fan de nature mais pas trop quand même. Ca sent bon aussi les huiles de massage camphrées. Bon et la grand question existentielle on les sort quand les bâtons ? Pas le bâton de berger, hein ! Mais les bâtons qui vont rythmer ta cadence, te propulser tel un chamois sur les flancs escarpés.

Je prends l’option de dégainer de suite, tanpis si je me les trimballe à la main sur les 1er km, ça crée le « stayaile ».

Le début de course, tu trottines le sourire aux lèvres, c’est plat, trop plat même. Car moi je suis venue pour grimper et j’ai les bâtons et les quadris affûtés… y en a qui s’emballent sévère dès le début mais t’inquiète t’auras le temps de montrer que tu en as sous le pied, il  nous reste encore 39km.

Tiens, ça ralentit, tiens ça s’arrête, on est au 8ème kilomètre. On me dit dans l’oreillette qu’il y a un tronc d’arbre en travers du chemin… Certains impatients prennent la fuite en dehors du chemin et se font huer par cette foule qui veut en découdre, un peu de respect non ?

Allez hop, on sort les bidons, la nappe à carreaux, les cupcakes c’est tea time ! J’en profite pour papoter, oui je suis une grande bavarde et j’essaie de faire marrer mes acolytes…

Le bouchon enfin dissout, on repart sur un rythme plutôt tranquille mais point de tronc d’arbre à l’horizon.  On n’a perdu un peu de temps mais nous étions 2000 personnes engagées et le chemin est étroit. Et puis on n’est pas là pour jouer notre vie. Une petite pause ça ne  peut pas faire de mal. C’est quoi 30 minutes ?

Le Col de la Forclaz ça c’est fait ! Hop ça redescend, youpi tralala je m’éclate, le soleil arrive, les chemins boueux aussi…. Il y a eu un orage carabiné la veille qui a bien raviné les terrains, je vais encore ressortir toute crottée je pense.

Après le premier ravito en eau au 11ème km, je m’engage vers la grande montée du chalet de l’Aulp, une montée interminable mais le ciel commence à se dégager, le soleil nous caresse l’échine. Clic clac je fais des photos, je garde le rythme tout va bien.  Pas assez palpitant pour vous lecteurs ? Vous attendez du sensationnel, du biscuit ?

Je pourrais vous refaire le remake de ma Sainté Lyon de 2018 tellement il y a de gadoue. Aurais-je le droit un jour de faire un trail tout sec ? L’avantage c’est que je commence à maîtrise les appuis boueux et donc je garde le « smile », je n’ai pas encore pris de gadin. Désolée pas encore de sensations fortes mais le Roc et son gouffre géant arrive et j’y repense tiens…

D’ailleurs, je vois cette fameuse montée du Roc approchée et un tas de bestioles colorées agglutinées au sommet et qui s’agrippent comme des moules à un rocher jusqu’en bas. Qu’est ce qui se passe ? Il y a des fouilles ? Un rassemblement inopiné de gilets jaunes ? Kilian Jornet est venu et chacun veut son autographe ? Mais « que pasa »?

18km à ma montre et 4h30 de course. Bon à ce rythme là je ne serai pas de retour pour le déjeuner.

C’est le moment photos, stories et blagounettes…mais le stock s’épuise et au vu du nombre de personnes, on risque d’être là un bon moment. J’aperçois le fameux passage qui explique le bouchon. On y passe un à un à l’aide d’une corde. Oh MY GOD ….ça y est c’est reparti je me fais un film. Non non pas de place à la panique, tu ressors ta nappe à carreaux rouges, tu décrottes tes chaussures…tu t’occupes et ton tour viendra.
 

Mon tour vient !!! Et là le mec devant moi est encore plus paniqué ça me rassure et c’est même moi qui l’aide à relativiser il a les jambes qui tremblotent, je le rassure ça va aller. Accroches toi bien à la corde et visualises juste devant toi. Ca passe crème comme disent les »jeuns ».

C’est vrai que cette pause de presque 1h nous a refroidi et que les jambes sont lourdes. Mais on est dimanche, on est dans un bel endroit. Pensons aussi aux personnes qui ne peuvent même pas marcher. On a cette chance et c’est souvent dans les galères qu’on a les meilleurs souvenirs.

Après ce passage riche en émotions, ça y est vous l’avez eu votre moment sensas je vous l’avais promis depuis le début… Je me sens Libéééééréeeeee Déliiivréééééeee et je chevauche la plaine enneigée tel un chamois d’or, j’ai l’impression d’être Pegasus. Bon je m’emballe un peu car la neige ça glisse aussi. Heureusement, un traileur me rattrape…et hop un gadin évité.

Bon c’est pas tout mais j’ai un petit creux et pas mal soif car durant cette attente, j’ai vidé mes gourdes.  Il serait temps d’arriver au ravito mais vraiment par cette descente ? Parce que là il n’y a que des cailloux, et les cailloux ça fait mal. Et les descentes ça pique les quadris et ça tapent les orteils. Mais dis donc tu ne serais pas un peu trop râleuse…

Mais ouf le voici le voilà le ravito de la mort qui tue y a même des pizzas. Pour moi ça sera faire le plein de Saint Yorre et quelques Tuc sur lequel je viens déposer quelques bouts de fromages. On se croirait à un buffet dinatoire.  C’est là qu’il faut se remotiver pour repartir et tu te dis qu’il ne te reste que  16 km c’est rien du tout…

Il commence à faire chaud et je sais qu’on va arriver à une montée de dingue qui va me scier les pattes comme des rondins. Tu disais quoi déjà ça va passer vite ? Le problème c’est dans les montées ça passe lentement très lentement. J’entends les souffles rauques, les bâtons qui claquent, les « putain je suis au bout de ma vie », « ils veulent notre mort ou quoi », ou encore « c’est un enfer ce truc pourquoi tu m’as emmené là dedans »… C’est THE moment où tu rêves d’un gros câlin réconfortant avec l’un de tes proches, tu penses plus du tout aux prochaines courses, jamais plus tu referas un truc pareil, c’est fini fini fini !!!  Bon d’ailleurs c’est fini cette montée vraiment fini ? Et là tu as toujours des gens sur le bord (tu te demandes même ce qu’ils font là) pour te dire allez il ne vous reste plus que 500m de montée et après c’est bon. Mais quoi 500m et c’est bon tu rigoles ou quoi ? 500m c’est long et après c’est même pas fini.

Forcément il y a bien un moment où la montée est récompensée et où tu es content d’en avoir chier…C’est quand tu peux enfin voir que tu es arrivé si haut que tu domines le monde…enfin ici juste le lac. Et là toutes les choses horribles que tu as pensées ou dites s’évanouissent pour laisser place à un sentiment d’accomplissement et de plénitude et de quelques clic clacs pour immortaliser ce moment où tu diras « z’avez vu j’y étais avec des étincelles dans les yeux ». Au moment où je fais ma photo souvenir, j’ai le mec à côté de moi qui vomit ses tripes. C’était le moment glamour

Après cette suspension hors du temps, tu sais que tu dois aller rejoindre le tout petit point là bas tout en bas là bas là bas. Ca fait loin dis donc…

Il va encore falloir serrer un peu les dents et s’accrocher pour cette descente infernale mêlée de cailloux, de boue, de cailloux sous la boue, de la boue sur les cailloux, des petits cailloux, des gros cailloux, de la boue avec de l’eau, de la boue plus compacte, en gros toutes les sortes de cailloux et de boues rassemblées sur un même chemin.

A partir de là, tu sais que tu vas aller au bout, que tu vas aller taper la cloche de la ligne d’arrivée puis te taper la cloche aussi.  Le plus gros problème à cet instant est la soif, j’essaie d’économiser mon eau mais je sais que j’ai besoin de beaucoup boire et que ça sera un peu juste. Je vais arriver la langue pendante.

Au final, il est certain et on ne peut pas le nier que les bouchons resteront le gros point nord de cette édition 2019 mais que l’organisation a été très réceptive à ces problèmes et en tire les conséquences pour l’année prochaine. Mais il s’agit d’un rendez-vous très prisé du trail où chacun peut trouver le format qui lui convient. Pour ma part, ça reste un week-end très festif où l’on est content de se retrouver entre passionnés et partager un bon moment.

Ca reste un parcours vraiment canon au niveau des paysages, des sentiers techniques et variés de quoi régaler les avertis comme les novices.

Malgré les bouchons, les bénévoles sont restés motivés et impliqués jusqu’au bout alors qu’ils étaient là depuis 5h du matin. Il faut donc voir au-delà des problèmes engendrés et s’intéresser aussi à ce que représente une organisation comme celle-ci, des heures de travail, d’investissement et de passion.

Merci à Anne GERY de l'agence Infocîmes de m'avoir fait confiance pour partager ma course et vivre celle des autres notamment des athlètes de haut niveau. Bravo à tous. 

Ne jamais oublier que le sport est un plaisir : amusez vous !

Vous pouvez revivre toute la course sur Instagram sur mon compte @dedelfitfun.

 

Une story à la une est consacrée à la MAXI RACE 2019.

 

Merci à mon partenaire RAIDLIGHT pour l'équipement de qualité (sac d'hydratation, haut et veste technique ainsi que chaussures).

 

 

Vous pourrez également retrouver sur mon blog 2 autres articles liés à cet évènement :

 

- le point sur la conférence dont le thème inspirant l'échec comme levier de performance mérite q'on s'y attarde davantage.

- et un article sur les bienfaits de l'eau Saint Yorre.

Comment me  joindre

 

Delphine JOUTEL
delphine.joutel@ohmytri.fr
Téléphone : 06 12 69 57 57

https://www.instagram.com/ohmytri/

 

Actualités

Retrouvez dès à présent sur mon site Web toute l'actualité de la communauté OH MY TRI et sur la page communautaire FACEBOOK Oh My Tri