Après José et sa philosophie anti tri athlétique, j'ai eu envie de créer Paulette.
Paulette ça pourrait bien être vous ou elle, là avec son petit panier devant, ou encore l’apprentie cycliste de route. Nous sommes toutes passées par là un jour ou l’autre. Alors j’ai décidé d’écrire des petites histoires dans lesquelles je pense que vous aurez plaisir à vous retrouver. Mais voici tout d’abord le premier épisode.
Paulette ne présentait rien de particulier. Elle avait le teint pâle même l’air un peu blafarde, des cheveux ternes un peu fadasses, des yeux gris, des traits normaux, un nez pointu. Elle n’avait rien de remarquable pas même son travail routinier et consciencieux de secrétaire.
Mais je ne vais pas me contenter de vous brosser ici les apparences superficielles. Mon devoir est de vous révéler ce que vous n’auriez pas pu voir. Si on prend le temps de la décortiquer, de faire son analyse quasi scientifique on la voit plus claire, plus en détails. Mais il faut prendre le temps de s’arrêter... Sur la cheville gauche, une contusion, sur le mollet droit des tâches relatives à de l’abrasion couleur cuivrée, au genou ,cette fois-ci plus rouge vif, un entrelacs plus frais d’écorchures, sans doute le résultat de descentes hâtives, imprévues et mal anticipées. Les ampoules aux mains trahissaient également son effort nerveux à se cramponner au guidon. A mesure de ces indices, on imagine bien la machine de torture qui a laissé des traces sur notre sujet, un vieux cadre à la fourche transversale aux caoutchoucs usés et pesant plus de 15 kilos.
Vous la voyez mieux là Mme Paulette, au bord de la route, gisant parterre avec son nouveau compagnon à pédales, se frottant les bras, et tentant de remettre son vélo d’aplomb.
Derrière la modeste figure de la secrétaire de bureau ordinaire surgit maintenant un personnage sorte de héros. En tout cas, vous ne la voyez plus de la même manière. Et en effet, Paulette a bien de la ressource.
Ayant revêtu sa parfaite panoplie de cycliste, un élégant ensemble de chez Rapha à plus de 100 euros flambant neuf, la monture toute brillante face aux rayons du soleil qui se levaient, c’est ainsi que Paulette entama ses premiers coups de pédale sur sa bicyclette.
Elle n’allait pas vite, elle n’allait pas bien droit mais elle se dirigeait vers les premières courbes d’une colline. Son ardeur ne faiblissait pas, ni sa joie de vivre. Elle partait confiante et sereine. Jusque là c’était le bonheur car à cette heure matinale, c’était le grand désert. Elle n’avait croisé qu’un petit grand-père tout vêtu de velours côtelé promenant son chien dont l’aboiement l’avait tout de même un peu fait dévier de sa trajectoire. Première frayeur passée, un autre obstacle se présentait à l’horizon…
Paulette longeait la Seine, les ombres des arbres défilaient à une allure folle. Après Saint Martin de Boscherville, elle prit la hardiesse de s’engager sur la montée menant à Hénouville. Pendant qu’elle luttait, transpirait apparut sur cette route qui semblait se rétrécir un spectre menaçant à 4 grosses roues.