Le 1er mai à Aix en Provence, j’étais restée sur ma faim n’ayant pas pu nager et donc réaliser un half en entier. Du coup, l’envie de m’aligner sur le half de Vendée était forte d’autant qu’au départ j’y allais seulement pour accompagner mon chéri. Et le parcours quasiment sans relief permet de réaliser une belle performance à moins que le vent ne s’invite à la fête. Mais y a-t-il pire que le mistral du sud ?
La Vendée c’est la terre de mon premier triathlon en mer celui de Saint Gilles Croix de Vie autant dire que je n’en menais pas large à mes débuts. Là ça devrait être plus serein surtout que la natation se réalise dans deux plans d’eau de mer fermés dont l’un accueille les fans de ski nautique et de wakeboard- l’Atlantic Wakeparc.
C’est la seconde édition de course sur ce format, le pied pour les amateurs de longue distance qui permet d’enchaîner 1900m de natation, 85km de vélo (d’habitude c’est 90km) et un semi marathon.
Cette fois le voyage sera plus court et normalement la voiture est checkée, on devrait éviter de crever…peut-être peut-on craindre une panne d’essence ?
Départ de Rouen jeudi matin chargés à bloc. On emmène la famille, Beau-Papa fera partie de l’aventure cette fois, photographe, manager, supporter et esprit festif.
Le trajet est rapide et permet de s’immerger rapidement dans le décor sauvage des marais un apaisement pour le regard et l’esprit. L’heure n’est pas encore à la flânerie romantique mais plutôt au repérage, donc sitôt arrivés on profite du soleil qui inonde de lumière la villa qui sera nôtre les temps d’un week-end et on enfourche nos vélos pour une première acclimatation des lieux. Rien de tel que de connaitre le parcours par cœur pour le jour J maîtriser les trajectoires.
Cet air marin iodé qui vient s’engouffrer dans nos narines fait pétiller nos yeux, et émoustille mes papilles avides de déguster de bonnes huîtres.
Le temps de la première soirée se veut festif et bon vivant. Merci à beau papa qui a ramené son meilleur vin pour nous satisfaire.
Nous logeons à la Villa Californie, villégiature secondaire comme il en existe de nombreuses dans ce coin où l’on a qu’une envie en y arrivant faire entrer la lumière et l’air frais. Tout sent le vieillot, la décoration semble figée depuis les années 70-80 : petits napperons en dentelles, vieille cafetière de guingois, buffet recouvert de film plastique à fleurs, le bidet dans la salle de bains et dans le garage le vieux vélo Peugeot Vintage. François le bricole un peu et hop un petit tour, il a l’air malin là-dessus. Et dire que samedi il sera sur son contre la montre.
Cette journée d’avant course, nous la passons à la ballade et la découverte des paysages alentours. Quelles sont belles ces immenses plages précédées de végétation brunâtre sauvage et de dunes coiffées de grandes herbes qui viennent caresser nos guiboles. Tout en haut de celles-ci on se sent prêt à conquérir le monde. Tel Frédéric Moreau dans l’Education Sentimentale qui s’écrie « A nous deux Paris », pour moi ça sera « A nous deux le tri ». Nul individu pour venir rompre cette quiétude, le regard au large percutant les tuteurs de moules.
Samedi c’est le jour de notre compète’ à nous, mais le départ étant prévu à 13h, c’est l’idéal pour prendre son temps, préparer son matos et flâner un peu au lit. Ca change des départs du dimanche matin dès 7h.
Nous décidons de nous rendre au départ en vélo, histoire de nous mettre en appétit et d’éviter de prendre la voiture. Beau Papa muni de son appareil photo sera missionné pour le reportage tout au long de l’évènement.
Les gestes sont là, habituels, routiniers et pourtant encore parfois hésitants. Nous retrouvons dans le parc à vélo près de nos emplacements un acolyte de notre club du Rouen Triathlon, Olivier Maubert. Il est venu aussi en famille et ça sera son premier half.
Le départ est long à venir alors que nous sommes fins prêts depuis déjà un bon moment. Il faut toutefois être sage et écouter gentiment le briefing surtout qu’avec le corps arbitral ça ne rigole pas, vous comprendrez plus tard pourquoi je dis ça.
Le coup de pétard donné, nous pouvons enfin nous élancer, les filles- peu nombreuses- sont mises sur la gauche afin de ne pas être gênées. La première partie de la natation s’effectue dans un premier plan d’eau, des lignes sont positionnées pour éviter de zigzaguer. Hop on sort déjà histoire de montrer à nos supporters que tout va bien, on a le temps de faire des coucous, pour certains même un bisou et on replonge mais dans un autre plan d’eau. Et là il y a un peu plus de clapot. On fait un parcours bizarroïde et hop on ressort une nouvelle fois pour rejoindre le bassin de départ. De vraies stars ! Dans la dernière traversée, j’ai un athlète qui me colle, on dirait qu’on fait du tandem de nage…
A peine sortie de l’eau, j’ai déjà enlevé le bonnet, les lunettes et dégrafé ma combi. Je suis fin prête pour attaquer le vélo. Un petit coucou à Beau Papa au passage et ça repart !
Le vélo reste la partie la plus croustillante de mon aventure. Vous voulez que je vous fasse part de mon coup de gueule ? C’est parti.
J’avais envie de faire un bon vélo donc je m’y attelle dès le premier tour. Pourtant, aussitôt vent de face il va falloir redoubler d’efforts pour maintenir le rythme. Ce qui est plutôt sympa c’est de croiser son chéri à chaque tour, ça redonne la niak. Mais voilà que le troisième tour arrive et avec lui son cocktail d’émotions. Alors que j’arrive sur un groupe de six hommes, que j’ai du mal à doubler, j’en profite pour m’hydrater et ainsi repartir de plus belle et doubler toute la fille. Mais là qui arrive sur son destrier ? Un arbitre qui s’empresse de me mettre devant le nez un carton noir ! Mais euh…bon d’accord je suis la dernière et derrière. Mais les autres ? J’attends patiemment en me disant qu’il va terminer son travail et brandir son veto aux autres également. Rien ne se passe, il repart. Je sens mes narines se gonfler et me chatouiller. Je vois que la moto s’arrête un peu plus loin au niveau du demi-tour. Parfait, j’arrive à côté et je demande poliment-bon ok peut-être avec une pointe de mécontentement- s’il compte aussi sanctionner d’autres athlètes qui draftent ? Pas de réponse et la moto repart même ! Il me cherche ? D’un coup, je m’accroche au guidon fermement et j’écrase les pédales. Et oui…je compte bien rattraper la moto et surtout avoir une discussion avec Monsieur l’arbitre !!! A ce moment de la course, on peut dire que je suis remontée comme un coucou suisse. Arrivée à sa hauteur, je ne parviens pas vraiment à cerner son facies camouflé dans le casque. En revanche, j’entends bien ses propos qui sont clairs, si je continue ainsi à le contrarier ce n’est plus un carton noir mais un carton rouge que je risque. Dans ce cas, je décélère toute penaude en n’omettant pas de m’écarter sur la gauche pour ne pas reprendre un autre carton noir. J’aurai pu aussi drafter dans la moto comme ça au moins j’aurai bien mérité mon noir. Ce qui me gêne ce n’est pas le fait d’avoir ce carton, mais pourquoi ai-je été sanctionné moi alors que les autres ont eu de simples avertissements ?
Quelques kms après, je croise mon chéri qui me dit que je fais une belle course, je lui dis que j’arrête car je suis dégoûtée. Car qui dit carton noir dit stop de 5 minutes dans la prison. Et ce n’est pas une cage dorée de princesses…
Je parviens à terminer mon ultime tour. Dans le parc à vélo, j’apprends que François a été victime de crampes dès le pied posé à terre et qu’il a beaucoup de difficultés sur la course à pied. Moi je pars à un rythme tranquille, je sais que j’essaierai d’accélérer sur les deux derniers tours. A la fin du premier, je vois mon chéri et son père adossé au muret du pont. Dès lors, je me dis que François a du souffrir, qu’il fait une pause et super il m’attend pour courir avec moi. Un petit air de déjà vu comme sur le triathlon de la Madeleine où je le vois au ravito arrêté. Deux options, soit gentiment il m’attend pour m’aider et m’encourager ou alors il est complètement cramé.
C’est à l’issue de la seconde boucle que je rentre dans la prison pour faire ma punition des 5 minutes d’attente. 5 minutes de châtiment, 5 minutes pour penser à son erreur, 5 minutes pour couper les pattes. Et enfin 5 minutes debout, interdiction de s’asseoir ! Mais c’est dans le règlement ça ? Et quid de tous les gels jetés sur la chaussée, j’en parle ou pas ? Je peux quand même occuper mes 5 minutes à discuter avec les arbitres, 5 arbitres pour garder la prison, ça ne fait pas un peu beaucoup ça d’ailleurs ? Il faut vraiment que j’apprenne à me taire…Finalement ça passe assez vite. On repart avec François- qui du coup a fait aussi la sanction en ma compagnie- et j’ai plus qu’envie de rattraper mon retard, mais hélas deux filles sont passées devant pendant que je purgeais ma peine. Et je sais que l dernier passage dans le sable sera difficile. En même temps cette percée par la plage est magnifique, rafraîchissante et exaltante car le public est présent en famille. Et la traversée des restaurants laissent flotter dans l’air un doux parfum sucré : les enfants dévorent des gaufres au chocolat, une mamie lèche une bonne glace, et un groupe d’amis prend un pot. Le temps est à la Dolce Vita pour certains tandis que d’autres doivent en terminer de courir pardi !
Pour moi ça sent bon aussi la ligne d’arrivée et comme à l’accoutumée j’aime franchir cet arche en grand sprint c’est un effet renouvelé toujours aussi grisant. Je retrouve Beau Papa et j’attends mon chéri que j’ai un peu largué en cours de route…pour une fois que j’arrive avant. Et ainsi, je suis prête à l’accueillir pour lui faire un câlin. Elle n’est pas belle la vie ?
Merci à toute l'équipe d'organisation et tout spécialement au directeur de course, merci pour cette invitation sur ce terrain de jeu vendéen. Mention spéciale également à beau papa qui nous a supporté toute la journée et à qui on doit tous ces beaux clichés.